Je m’arrête chez Tasty prendre un petit café car il est trop tôt. Ils vendent toute sorte de produits fins, de jolis petits pyjamas, des petits carnets roses et des trousses de toilette adorables.
C’est bizarre à dire mais j’adore les hôpitaux, j’ai toujours adoré les hôpitaux, j’aurais rêvé être médecin et que l’hopital soit mon univers. Je ne sais pas trop ce que j’aurais choisi comme spécialisation, mais j’avoue que je suis fascinée par la chirurgie. J’adore quand le mari médecin de mon amie C me raconte des histoires, j’adore lire des articles de médecine et finalement je ne suis pas loin de tout ce monde-là dans mon métier. Je suis amenée à collaborer avec des médecins dans le cadre de mes consultations.
Quand j’habitais à Houston, je rêvais de devenir « physician assistant », c’est un métier qui n’existe pas ici en Europe. C’est comme un médecin mais sous le contrôle d’un médecin.
L’hôpital a été totalement refait, c’est magnifique ! On se croirait dans le Houston Medical Center !
« Bonjour, j’ai rendez-vous pour une mammo ».
« Voici, le document à remplir, vous suivez le couloir H, salle d’attente 2 »
Dans la salle d’attente se trouve une Roumaine qui ne comprend rien au questionnaire, alors on le remplit ensemble. Elle est un peu speedée. On l’appelle avant moi. Je remplis mon questionnaire et j’attends.
« Bonjour Madame, suivez-moi. Vous pouvez laisser vos affaires dans cette cabine, attendez-moi dans la cabine, je vais vous chercher par l’autre porte ».
Toutes les femmes se reconnaîtront dans ce blog, la petite cabine, les deux portes, on ferme à clé, on commence par la mammo et ensuite l’écho.
La nurse pour la mammo était épouvantable. Je n’ai jamais été dérangée par la moindre mammo mais je ne sais pas ce qu’elle foutait mais elle me faisait un mal de chien.
« Madame, pouvez-vous desserrer, c’est insupportable et je peux vous dire que j’ai un seuil de douleur hyper haut. Merci de desserrer cette machine et de me permettre de respirer 30 secondes. »
« Madame, si vous ne me permettez pas de serrer la machine, le docteur ne verra rien ».
Pas un « pas de souci, prenons une petite pause et je vous remettrai dans une meilleure position ». Épouvantable, cette nurse.
Le sein droit ne fait pas mal, ouf.
« Installez-vous à côté et le médecin va arriver pour faire l’écho ».
J’attends 15 minutes, pas de médecin, le temps est long. Je dois aller chercher William à l’école pour l’amener à Delta pour un rendez-vous.
La méchante réapparait et me dit « Le médecin aimerait que vous recommenciez la mammo ». Je ne bronche pas et je recommence, mais elle est plus agréable cette fois-ci. Rebelote tous les clichés et rebelote la petite salle pour attendre le médecin. J’attends 10 minutes cette fois-ci et voilà qu’elle réapparait « Le médecin aimerait avoir des agrandis, il faut recommencer la mammo mais un peu différemment ».
C’est quoi ce bordel !
« Dis donc, qu’est-ce qu’il se passe, j’ai jamais eu ça. Y a quelque chose d’anormal ? »
« Le docteur ne voit pas bien sur les clichés, il faut juste recommencer. »
Elle sait pas prendre les images convenablement ou quoi cette nurse ? J’attends de nouveau dans la petite salle pour l’écho. Tant qu’à faire, je vais checker mes mails.
Une adorable radiologue en blouse blanche arrive dans la salle plutôt sombre. Elle se dirige vers le lavabo pour se laver les mains, c’est marrant, je trouve qu’elle marche en canard. Elle se retourne et je découvre un adorable ventre tout rond et je lui demande « C’est pour quand ? » « Maintenant ! »
« Vous avez ressenti une petite masse dure et vous avez eu un petit écoulement la semaine dernière, c’est bien cela ? »
« Oui et comme je pars tout l’été, je me suis dit que je ferais bien mon check up avant de partir. »
« On va regarder tout ça ».
Elle fait l’écho et je reste assez silencieuse, je ne me souviens même pas d’avoir posé des questions sur les 3 mammos. Elle me dit que ce n’est pas évident de bien lire les clichés car elle n’a pas les mammos des autres années donc elle ne peut pas comparer. Rien qui me frappe, je sais très bien qu’ils veulent toujours comparer l’évolution des kystes bénins. J’en ai plein mais chaque année, ils me disent « zéro souci, à l’année prochaine » ! En revanche, y a tout de même quelque chose qui me chipote, elle passe un temps fou à échographier mes aisselles. C’est définitivement une mammo différente mais l’écho prend aussi une autre tournure.
Je sais très bien qu’il y a ce fameux ganglion sentinelle sous les aisselles mais je ne m’inquiète pas une seule seconde. On parle de la masse dure, des petits nodules, des calcifications et tout ce qu’on voit chaque année. Elle me dit que cette petite masse dure ne veut rien dire, ça peut être beaucoup de choses. Elle me demande si je peux rester pour faire une biopsie. J’envoie un WhatsApp car la ligne ne passe pas.
« Didier, tu peux aller chercher Will et me l’amener à Delta, il a rendez-vous dans une demi-heure avec son neuro-pédiatre et la radiologue veut me faire une biopsie »
« Impossible, demande-lui de venir en Uber ».
Je suis énervée.
« Didier, on me fait une biopsie, la ligne ne passe pas au -1, please appelle l’école et demande à Mme Capon de lui dire de prendre un Uber et surtout qu’il ne s’inquiète pas ».
Docteur Marie Debehogne, je me permets de la mentionner car je ne sais pas comment la remercier, a fait la biopsie. Elle a vu un danger mais ne m’a pas inquiétée.
« Nous enverrons les résultats à votre gynécologue dans une semaine ».
« Super, juste avant mon départ pour 2 mois. Dites, vous allez accoucher tout bientôt, si jamais il devait y avoir un problème, qui prendra mon dossier en charge puisque vous ne serez plus là ? »
Elle m’explique qu’ils travaillent en équipe et me rassure quant au suivi du dossier.
La biopsie se passe bien. Même pas mal. William arrive à l’hosto. Je ne dis rien et nous allons à son rendez-vous dans l’unité pédiatrique. Il se demande ce qu’il fout là en voyant tous les bébés. Il se marre. William est toujours de bonne humeur. Il m’avoue qu’il est en retard, car il a trouvé ça “trop cool” de prendre une Lime pour faire le trajet.
Retour à la maison, la journée continue comme si de rien n’était mais j’y pense quand même un tout petit peu.