Pourquoi la petite souris ne passe pas quand on perd un sein ?

Pourquoi la petite souris ne passe pas quand on perd un sein ?

C’est pas moi qui l’ai dit, c’est Mathilde. C’était juste ce que je voulais lire car j’étais dans un énorme creux hier après-midi. J’ai éclaté de rire. Non mais c’est vrai quand on y pense.

La petite souris est un événement tellement magique pour les enfants. Toute une histoire quand ils perdent une de leurs 32 dents qui repoussent illico et que dalle pour les femmes qui perdent un ou deux seins qui ne repoussera jamais.

Math a écrit « Si on lançait le concept de la souris version nichnich ? C’est vrai quoi, pendant l’opération, faudrait qu’il y ait une petite souris qui vient déposer un truc sous l’oreiller, non ? »

A bon entendeur, salut ! Didier, Docteur Derek, Docteur Douceur, Valérie l’infirmière qui me prend par la main, l’autre Valérie, l’anesthésiste, maman, les infirmières en salle d’op ou de réveil, les copines, si vous avez envie de jouer la petite souris, ce serait magique.

Si vous voulez lancer le concept en Belgique, arrangez-vous avec Mathilde, c’est elle qui a le brevet. Je trouve que ce serait tellement mignon, le petit plus qui ferait sourire toutes les femmes qui se réveillent avec un ou deux seins en moins.

Elle avait aussi ajouté ceci mais là, ça m’a très fort émue :
« Petite pensée du jour… si t’as peur de te voir sans ton petit nichnich, pense surtout quand tu regarderas la petite zone de combat qu’elle t’a sauvé la vie. Ça n’a pas l’effet repulpeur direct, mais par contre ça permet de voir les choses sous un autre angle. »

Elle est extraordinaire, la petite zone de combat, le petit champ de bataille, la petite zone de guerre. C’était juste ce que j’avais besoin de lire en plein creux. C’est comme si Mathilde sentait les moments où il est idéal d’envoyer les sms, des plus drôles aux plus émouvants, avec les mots justes. Sans elle et d’autres « amies cancer », je ne sais pas comment je ferais. Vraiment.

Docteur Derek m’a bien expliqué à quoi ressemblerait la petite zone de combat et si c’est aussi propre et dans la dentelle que la tumorectomie, ce sera plus facile à faire passer. Regardez toujours les mains des chirurgiens avant de prendre une décision. C’est la première chose que j’avais remarquée en entrant dans son bureau la première fois (J’ai rencontré le chir, il est génial !). J’ai tout de suite su que c’était un artiste et que je serais en de très bonnes mains. Il a un respect immense pour ses patientes en faisant non seulement un travail technique impeccable mais un BEAU travail. Je veux dire esthétiquement beau. C’est capital et je reviens toujours aux deux aspects qui sont si importants pour nous, les patientes, les aspects médicaux et techniques et tout l’émotionnel. Le « beau » travail, c’est le respect de nos émotions.

Ma journée d’hier, enfin mon après-midi, était vraiment dure, vraiment très dure. Ça a commencé après que Vanessa soit partie. J’y reviendrai plus bas, je préfère vous raconter la matinée divine que j’ai passée avec elle. Comme je vous l’avais dit hier, nous avions rendez-vous pour que je commence à construire son site internet. Je ne prends pas les photos des sculptures de Vanessa mais j’ai dû en prendre une « d’urgence » car on en avait besoin pour le site. C’était une grande première pour moi car je suis versée dans la photo de nourriture mais pas de sculptures. Nous nous sommes baladées dans le jardin, on peut même dire que nous avons baladé cette magnifique sculpture en bronze jusqu’à ce que l’on trouve l’endroit idéal. Les photos sur le deck en bois ne donnaient pas bien, je l’ai donc installée parmi les roseaux avec l’étang juste derrière. Une vraie poésie, une splendeur, un moment magique, c’est comme si cette sculpture de femme avait tout à coup pris vie. Elle était dans son élément et nous racontait toute une histoire. C’était un moment exceptionnel, j’admirais les ombres et les reflets, ses splendides formes, et toute sa féminité. Dans le contexte actuel, vous pouvez imaginer que c’était extrêmement émouvant. J’ai tourné son visage vers le soleil, c’est comme si elle prenait toute sa chaleur, juste comme j’aime faire 15 minutes par jour depuis l’annonce du cancer. Quand les rayons de soleil se sont intensifiés, ça donnait l’impression qu’elle avait une apparition. Je ne peux pas m’empêcher de vous montrer deux photos qui seront en noir et blanc sur le site de Vanessa mais je la préfère en couleur pour mon site.

La matinée s’est très bien passée, nous avons été très efficaces. Vanessa qui n’est pas versée dans tout ce qui est internet, sites, réseaux sociaux, graphisme m’entendait tapoter sur mon clavier de manière énergique pendant qu’elle terminait de lire mes blogs. Nous avons acheté un nom de domaine et crée un logo avec le site Looka qui est le summum de l’intelligence artificielle pour la création d’un logo. C’est une étape très importante, je voulais que Vanessa reparte avec un logo dont elle était fière et qui représentait tout ce qu’elle voulait exprimer à travers sa sculpture. L’avantage avec Looka ce que je peux l’adapter si elle décidé de rajouter un petit symbole ou de changer son slogan. J’attends avec impatience de vous partager son site.

A 13.30, coup de mou intense. Quand je pense que je pouvais passer 12 heures à créer mes sites. Là, je calais, il était temps d’arrêter. Je me suis même dit un moment que peut-être que j’avais eu des coups de fatigue avant le cancer mais que je ne les avais pas sentis ou écoutés. Je n’ai pas l’impression mais je me suis quand même posé la question. Je ferme WordPress tout en sachant que dès qu’elle allait s’en aller, j’allais résoudre, malgré la fatigue, un truc qui me chipotait. Nous nous sommes installées au soleil pendant 15 minutes.

Vanessa est d’une douceur incroyable et elle « sait » car elle a connu le même combat avec quelques petites différences (Le cancer du sein, c’est un peu comme une école de langue hyper efficace). Nous avons parlé de la prochaine opération, de la mastectomie et du deuil de ce sein. Je lui ai dit que mon motto était « Just do it » comme je vous l’ai dit hier et que j’étais dans l’action, je rencontrais plein de plasticiens et j’essayais de focaliser sur le « nouveau sein » pour avancer. Je l’ai raccompagnée à la porte et nous avons convenu d’un déjeuner à nous deux la semaine prochaine, elle m’apportera une assiette de chez Tero, je suis ravie ! J’ai fermé la porte, j’ai résolu ce qui me chipotait sur WordPress en me jurant de ne pas me mettre la pression pour le site, ça peut devenir comme une drogue quand on commence (« Delph, tu réattaques le site quand tu es requinquée, pas avant ») et je suis montée 3 marches par 3 marches comme d’habitude pour enfiler mon bikini. Y avait juste quelques rayons et je n’avais pas encore eu mes vraies 15 minutes de vitamine D.

Et là, la chute libre, les larmes, les sanglots, les hurlements en me changeant toute seule devant mon miroir en voyant ce sein qui ne sera plus, en voyant ce symbole de féminité qui ne sera plus, en pensant à la mutilation**, en pensant à l’épreuve psychologique et la violence pour le corps, le cœur et le mental.

** Atteinte volontaire à l’intégrité physique d’une personne entraînant la perte d’un membre ou d’un organe.
Ils ont oublié le mot émotionnel, je corrige en disant l’intégrité physique et émotionnelle. 

Colère (tristesse) -> Acceptation -> Résilience.
Une fois de plus, en allant tellement de l’avant et en focalisant sur le « nouveau sein », je risquais de skipper cette phase si importante de la colère et de la tristesse. Chaque chose en son temps et ne pas sauter les étapes. La situation aurait peut-être été différente si on avait reconstruit le même jour que la mastectomie mais ce n’est pas mon cas. Dire au revoir, faire son deuil et accueillir la suite comme un passage. Un passage vers une vie « autrement », une vie meilleure, une vie plus extraordinaire. Mon cœur ne le ressent pas encore de la sorte quand je pense à la mastectomie, mais mon mental le sait. J’étais triste et plombée.

J’ai appelé Valérie, l’infirmière qui me prend par la main, pour lui dire que j’aimerais que la psy de la clinique du sein passe dans ma chambre après l’opération. Et je voulais aussi m’assurer qu’elle me préparait bien ma petite prothèse avant de quitter l’hôpital. Je lui avais déjà posé la question pendant le rendez-vous avec Docteur Derek, mais je voulais double-checker pour être sûre que personne n’allait oublier. J’avais fait une fixette sur cette prothèse, j’étais stressée qu’on m’oublie. Elle m’a rassurée avec tant de douceur « Ce sont des bénévoles qui passent dans les chambres de toutes les femmes qui ont eu une mastectomie. »

C’est extraordinaire. Je savais que la nature humaine est profondément bonne mais je suis bluffée par toute cette gentillesse autour de moi. Vous verrez plus bas dans le blog.

Je suis descendue au bord de la piscine et j’ai décidé de faire du earthing en plaquant tout mon corps, pas que mes pieds, contre la pelouse pour prendre toute l’énergie de la terre. C’était si bon mais c’était si dur aussi, les mêmes émotions que devant mon miroir rejaillissaient.

C’est à ce moment-là que Mathilde est venue me repêcher pour que je me relève. Elle avait senti, de là où elle était. La petite souris, la petite zone de guerre et c’était reparti. On a échangé des sms débiles, elle m’a montré ses nouvelles baskets (je veux les mêmes) et la légèreté m’a fait un bien fou !

Alexandre m’a appelé pour que j’aille le chercher à son kot avant de foncer chez Décathlon et Okay pour les courses pour le festival de Dour et son camp baladins. Tellement dur de dire non « Alex, j’aimerais rester encore un peu allongée dehors, est-ce que tu peux venir en vélo ? »
J’avais envie de le gâter et de passer un chouette moment avec lui. A toutes les mamans de filles, vous avez une chance inouïe de pouvoir renipper vos filles et de passer du « girly time » avec elles. Les mecs, c’est pas la même chose, enfin les miens.
« J’ai besoin de rien. »
« Mais Alex ou Will, vous avez pris 10 cm cette année, vous avez de l’eau dans les caves et vos chaussures sont usées jusqu’à la corde. »
« Mais non mam, j’ai besoin de rien. »

William aime les belles choses donc je remplis ma valise quand je rentre de Houston, mais Alex, il n’est pas un instant question que je lui ramène quoi que ce soit sinon ça vole dans les containers à vêtements pour les Petits Riens. Quand je pense que certains parents se plaignent du contraire !

Je vous passe les courses chez Décathlon. Je pense qu’escalader le Machu Picchu à cloche pied (sur le pied gauche) avant le cancer aurait été de la rigolade à côté de cette escapade. Je n’avais absolument aucune raison d’être physiquement fatiguée, je dors comme un bébé, mais j’ai vraiment compris ce qu’était l’épuisement mental. La fatigue physique qui s’en suit n’a rien à voir, elle est trois plus forte. Je n’ai rien voulu montrer et je n’ai certainement pas voulu pourrir notre escapade mère/fils donc je faisais des pauses « bancs ». Du jamais vu, je l’ai renippé de la tête aux pieds sans broncher, il était ravi.

Okay était plus pénible mais il fallait que je sois là pour penser stratégiquement à ce dont il avait besoin pour 5 jours à Dour sans frigo/sans se laver/sans courant. Y a que les mamans qui savent exactement ce qu’il faut !

On ne parle pas de cancer avec les enfants. Ils ne posent pas une seule question, la vie continue comme si de rien n’était à part que j’ai piqué la place d’Alex dans le canapé et qu’il n’est pas un instant question que quiconque se l’approprie à nouveau, c’est mon petit refuge, ma petite zone de sécurité sous ma grosse couverture polar même quand il fait 30 degrés. C’est là que j’écris tous mes blogs.

Pour revenir aux kids, c’est vrai que j’aimerais avoir un gros hug avec un petit « Je t’aime » dans l’oreille. Je veux les protéger un maximum mais j’avoue que je suis vraiment triste que cette épreuve ne nous rapproche pas plus sur le plan émotionnel. Je dois respecter la manière dont ils se protègent, ils ne m’en parleront jamais mais j’aimerais que Didier soit proche d’eux et veille à ce qu’ils ne se sentent pas seuls s’ils ont peur.

Après Décathlon et Okay, j’ai rampé jusqu’à mon canapé, Didier a reconduit Alex à son kot et m’avait demandé de surveiller les petits pois qu’il avait cueillis avec amour dans un champ au Luxembourg. On en parlait depuis 3 jours de ces petits pois ! J’ai réussi à les cramer car j’ai décroché un appel. Je l’ai appelé dans sa voiture en pleurant
« Bilou, j’en suis malade, j’ai cramé les petits pois que tu avais cueillis avec amour, je suis tellement désolée. »
« Ça n’a aucune importance ! »

On a regardé une émission sur le quartier du Marais, c’était pas un bon jour, il fallait que j’aille me coucher, point barre.

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Ça me fait plaisir de faire un Fast Forward au lendemain, les nouvelles sont meilleures. J’ai démarré la journée avec les yeux comme des patates et le visage tout gonflé d’avoir autant pleuré, crevée comme si j’avais fait la bringue toute la nuit alors que j’avais dormi 8 heures d’une seule traite.

Le petit message de Mathilde était tellement sweet. Je ne sais pas si vous connaissez le dicton « Something old, something new, something borrowed, something blue. » Ça vient de nos amis outre-Atlantique. J’ai toujours adoré. Ça dit que le jour de votre mariage, vous devez porter quelque chose d’ancien, quelque chose de neuf, quelque chose d’emprunté et quelque chose de bleu. 

Elle a commencé « Pour le boob day, porte quelque chose de rose, quelque chose de prêté, quelque chose qui porte chance etc… »
Je cale sur le quatrième, please si vous avez des idées, tapez-les en commentaires ci-dessous, dépêchez-vous, je fais ma valise dans quelques heures !

Je vais clôturer ce blog par vous dire que ma journée fut magique. Je suis toujours aussi fatiguée mais j’ai vu Xavier et j’ai rencontré un acupuncteur formidable.

Je vous ai promis un poste sur Xavier et plus précisément sur les mains de Xavier, c’est extrêmement compliqué d’exprimer l’indescriptible et les mots ne suffisent pas pour décrire la beauté de son âme. Xavier n’est pas sur ma route pour rien. Il est comme un ange tombé du ciel que je n’aurais peut-être jamais rencontré sans ce cancer. C’est une épaule sur laquelle je peux m’appuyer et sur laquelle je m’appuie. Ce matin, comme la fois dernière, nous avons beaucoup parlé, enfin j’ai beaucoup parlé, j’ai vidé tout ce que j’avais sur le cœur de manière complètement décousue mais ça n’avait pas d’importance, ça sortait, ça sortait, une idée en amenait une autre et une autre et une autre. Ça jaillissait de mon corps. Les coups durs et les blessures, les souffrances du passé, les regrets, les doutes, … Xavier m’aide à accueillir tout cela sans juger, c’est très difficile d’accueillir sans juger.

Essayez de faire un petit exercice demain ou cette semaine et notez sur un papier chaque fois que vous vous dites ces foutues injonctions « Je dois, il faut, je devrais, il faudrait ». Il a ensuite posé ses mains sur mes épaules, ma tête, mon visage et j’ai fermé les yeux. Je sentais une chaleur rassurante. Le plus émouvant de la session était la fin, il a ouvert ses mains et m’a demandé de placer ma main sur les siennes, la paume vers le ciel. Il m’a demandé si je pouvais accueillir quelque chose. Je l’ai regardé dans les yeux et je ne savais pas quoi répondre. Il a posé sa main sur la mienne et j’ai accueilli sa main, celle qui me réconfortera dans la petite salle avant de me faire opérer. Xavier aimerait tant venir dans cette petite salle avant l’opération vendredi matin, mais il n’a pas la permission de l’hôpital. Il m’a promis qu’il ferait une séance de Reiki à distance quand je serai dans la petite salle que je déteste tant. Je ne sais comment le remercier. Xavier « sait », il a connu le cancer. Je suis sortie apaisée et rassurée, j’avais ressenti la main que je rêvais de serrer dans la petite salle, j’arriverai à l’imaginer et à la ressentir vendredi matin.

Je suis rentrée à la maison pour déjeuner et suis repartie quasi directement chez Eric. Je cherchais un acupuncteur extraordinaire pour m’aider pour les nausées. J’ai des nausées quand je suis fatiguée, quand j’ai des downs, quand je dois me rendre à Saint-Pierre pour des résultats et après l’opération pendant 72 heures, ça fait un peu beaucoup. Superbe rencontre à nouveau. Je vous en dirai plus au prochain numéro, ses petites aiguilles et sa gentillesse m’ont fait un bien fou, je vais me reposer avant de partir rencontrer le chir plasticien numéro 2 et mon call avec une « plastic surgeon » à New York conseillée par Marie.

C’est amusant, et Xavier et Eric sculptent des femmes superbes, de splendides symboles de féminité qui m’émeuvent. Et puis, je dois rajouter que le « toucher » quand on est malade, c’est primordial. Plus tard dans la journée, Fanny m’a dit que le toucher envoie un message direct au cerveau reptilien, la base des émotions humaines.

Ça fait 10 minutes que je cherche une belle citation sur la beauté de la nature humaine pour clôturer mon blog mais je ne trouve pas.

XO
Delphine

6 Comments
  1. Et qqch qui brille! Pour ta valise…
    Merci encore pour ces partages d’émotions. Plein de courage à toi. Grosses bises

  2. Waouh, tu es une vraie guerrière, tu vas vaincre cette maladie et tous les maux. Je suis là in case, ne veux surtout pas te déranger, reste positive, t’embrasse fort😘xoxo

    1. Merci de tout coeur ma chere Sophie, it means a lot to me! Merci mille fois d’avoir si gentiment appele Didier pendant que nous etions a l’hopital pour partager ton soutien. Tout plein de kiss

  3. Suis très émue de ce blog que tu fais avec ton énergie intacte ma petite Delphine ! C’est vraiment fantastique de te voir “Apprivoiser” cette épreuve avec courage et recul!
    C’est comme cela que tu arriveras à la combattre !
    Encore une fois, je t envoie plein d ondes et de pensees positives et t embrasse tres tres fort
    Patricia V

    1. Merci ma chere Patricia pour ton si si gentil message qui me va droit au coeur. Merci pour tout ton soutien qui me porte, tu n’as meme pas idee! Je sais que tu m’as envoye un tas de messages par messenger mais je n’ai malheureusement pas encore ouvert l’app tant j’etais malade a cause de cette chimio! Je me rejouis de les ecouter! Tout plein de kiss et je serais si heureuse de te revoir!

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