Qu’est-ce qui rend une semaine de voyage ou un simple moment est unique** ?
** Unique :
- Qui est seul, qui existe en un seul exemplaire, par opposition à double, triple, etc. : Régime de parti unique.
- Qui est le même pour plusieurs personnes ou choses : Commandement unique.
- Qui est seul de son espèce dans un contexte donné : C’est son unique fille.
- Qui se distingue des autres par son originalité, ses qualités : Un livre unique au monde.Une femme unique.
- Qui étonne par son caractère bizarre, singulier, exceptionnel : C’est un type unique.
Cette semaine est unique, elle ne se répètera jamais, elle restera la seule de son espèce et elle sera exceptionnelle.
J’étais étonnée de lire « Qui est le même pour plusieurs personnes : commandement unique ». Je me suis dit qu’en fait les émotions expérimentées par toutes les femmes qui ont le cancer du sein la semaine avant la première chimio doivent être relativement similaires.
Avant de commencer mon blog, la photo ci-dessus était un essayage pour la soirée américaine que nous avons fin août, le thème ne peut pas me faire plus plaisir. Plus de photos au bas du blog.
What a week !
Elle a commencé par l’euphorie totale au moment de l’atterrissage. I am back home ! Parce que c’est vraiment « home » pour moi. La douane reste toujours un petit moment de stress car depuis que j’ai été bloquée un jour avec tous les illégaux, j’ai un petit pincement avant d’arriver devant l’officier de l’immigration. J’ai un permis spécial pour rentrer et sortir du territoire tout en gardant ma carte verte mais c’est à la discrétion du douanier de la reprendre à tout moment donc il faut être stratégique. Ils ont les pleins pouvoirs. Pour l’anecdote, ils sont quasi tous mexicains et je ne serais pas étonnée que leur père ou grand-père ait traverse le Rio Grande dans des pneus dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Ils savent plus que tout le monde que le passage de la douane est un moment difficile mais n’arborent pas toujours le plus grand sourire qui rendrait le moment plus agréable.
En fait, on doit renoncer à sa carte verte quand on quitte le territoire américain sauf si les avocats introduisent un dossier disant que l’absence du territoire est provisoire et on va revenir habiter aux US. J’ai mis une plombe à obtenir cette carte verte, il n’est pas un instant question que j’y renonce, c’est une carte toute verte si symbolique pour moi. J’ai tellement adoré mes 11 ans à Houston que c’est comme si cette carte symbolisait mon appartenance à ce pays. Je suis très heureuse en Belgique mais avec mes escapades américaines tous les 3 mois, j’ai le meilleur des 2 mondes parce que si on prend tout le bon ici et tout le bon en Belgique, ça fait un cocktail formidable. L’énergie, le dynamisme, l’entreprenariat, le « everything is possible », le côté si chaleureux du Sud, le mix invraisemblable des cultures des US et puis, les bonnes vieilles valeurs européennes, la famille, les amis de toujours, la sophistication, la richesse culturelle : quel mariage extraordinaire. Je profite des deux et je me sens half-Belgian, half-Texan et j’adore. C’est d’ailleurs comme ça que je fus présentée quand j’ai donné une conférence pour l’asbl américaine pour laquelle je travaille, avant de commencer mon speech. Il ne faut pas oublier que j’ai passé les 5 premières années de ma vie aux US et mes parents adorent ce pays donc je l’ai entendu et ré-entendu des milliers de fois si bien que c’était totalement impossible pour moi de ne pas apprécier ce pays.
Et puis, j’ai quitté la Belgique en 2000 à une période difficile pour moi et ma famille, je vous passe les détails mais j’ai collé à Houston une charge émotionnelle si positive. Je me souviens encore mon arrivée dans le pays le 1er mars 2000 avec Alexandre qui avait un an. Didier était déjà là depuis un mois. C’était le début d’une aventure extraordinaire. Quand j’ai franchi les portes coulissantes qui mènent au hall des arrivées, l’odeur du popcorn au beurre fondu m’a replongée dans mon enfance. J’ai fermé les yeux et tous les souvenirs sont remontés, c’était ma « Madeleine » à moi.
Je reviens à l’euphorie de jeudi dernier et à l’officier de l’immigration. La machine dans laquelle je mets ma carte verte me dit toujours que je dois aller dans la file express, ce qui me fait encore plus plaisir parce que c’est comme tous les Américains, on me questionne très peu mais j’ai quand même droit aux mêmes questions et je réponds toujours de la même manière.
« When was your last trip to the US ? »
« 2 months ago » (parfois c’est 3 ou 4)
« Why did you leave the US and when are you coming back to live here ? »
« My husband is on a short mission in Belgium, we will move back to Houston very soon. »
C’est pas vrai mais c’est pas grave. Je reçois plein de cachets et un « Welcome to the United States. »
Le moment que j’adore encore plus que l’odeur du popcorn est l’ouverture des portes coulissantes vers la sortie et la chaleur humide qui m’enveloppe en un quart de seconde. Et puis, ce sont les bruits, les odeurs, les voix, les couleurs du ciel, le mix des cultures. I am home again.
Un ami est venu me chercher et m’a déposée à mon Airbnb. Il y avait une petite souris qui m’attendait dans la voiture (Pourquoi la petite souris ne passe pas quand on perd un sein ?). Il est pêcheur à la mouche et il utilise cet hameçon pour attraper les truites. Elles adorent les petites souris qui nagent à la surface de l’eau.

Direction Airbnb, un bon cacheton et un gros dodo en espérant ne pas me réveiller à 3 heures du mat car il est déjà 10 heures en Belgique.
Par facilité de rédaction, je vais rédiger ce blog en journal de bord en choisissant un titre par jour. Je m’emmêle un peu les pinceaux dans les temps car j’ai écrit ce blog en plusieurs jours, parfois le jour même, parfois le lendemain, parfois le surlendemain.
Vendredi : Je « soak up » le belle énergie de Houston.
Samedi : Je continue à « soak up » la belle énergie de Houston.
Dimanche : Whole Foods et la Menil Collection, mes escapades habituelles.
Lundi : Un petit tour en montagnes russes…
Mardi : La maison des horreurs
Mercredi : Je préfère des cheveux de Hollandaises… (ce sera pour le prochain blog)
VENDREDI : Je « soak up » la belle énergie de Houston
Je me suis rendue à l’hôpital où j’ai fait ma dernière mammo il y a un an et demi, je voulais avoir le CD pour que mon dossier soit complet. J’ai chaque fois l’impression que je n’ai jamais quitté la ville, c’est fou. Toutes mes petites habitudes reviennent en deux secondes.
Houston est un des plus grands centres médicaux au monde. Il y a 47 hôpitaux et je passe tous les petits centres médicaux partout dans la ville. La plupart des grands panneaux sur les autoroutes font la pub des hôpitaux, le reste est pour la pub des Budweiser ou Corona, des évents au Houston Symphony, des diamants de Zador, des clubs de tirs ou des grands pasteurs avec des messages dans le genre « God loves you » « Feeling lost, my Book is your map, signé God » « Don’t believe in God, you are not alone, join the club ».
Je reviens aux hôpitaux. A Houston, c’est comme s’il y avait deux downtowns remplis de gratte-ciel. Un est le véritable downtown et l’autre est le Medical Center. Ce Medical Center est rempli d’hotels car les gens viennent du monde entier pour se faire soigner. Il y a notamment le MD Anderson Cancer Center qui est La Référence numéro 1 pour le cancer. Quand j’ai annoncé à mes copines houstoniennes que j’avais le cancer, elles m’ont toutes demandé si j’allais revenir à Houston pour me faire soigner au MD Anderson. Je leur ai dit que je n’étais plus assurée aux US (on parle en centaines de milliers de dollars pour soigner un cancer sans assurance), mais je leur ai surtout dit qu’on n’habitait pas non plus dans la pampa et que je serais tout aussi bien soignée en Belgique. Franchement, ces soins suivent des protocoles internationaux tellement précis que tout le monde s’aligne. J’aurais peut-être envisagé les choses autrement si j’avais un cancer extrêmement rare mais dans ce cas-là, j’aurais pu faire partie d’un trial (essais de nouveaux médicaments) où les traitements sont remboursés.

Me voilà dans le Methodist Hospital en train de chercher la South Tower et là je suis accueillie par un garde noir absolument magnifique qui me dit qu’il va m’accompagner jusque la South Tower. On a marché 10 minutes ensemble, il a eu le temps de me raconter l’essentiel de sa vie. J’ai eu droit en 10 minutes à « Sweetie pie, sweetheart, darling, God bless you ». La chaleur humaine du Sud ne cesse de me réchauffer le cœur à chaque fois. Objectivement, c’est impossible d’être de mauvais poil quand on vous dit « Sweetie pie, sweetheart, darling, God bless you ». Pourquoi on ne fait pas ça chez nous ?
De là, j’ai décidé d’aller faire un tour au jardin des sculptures de la Glassell School of Art et grand désespoir, mes Giacometti préférés avaient disparu. J’ai demandé au garde avec un air désespéré où ils les avaient mises espérant qu’ils les avaient juste bougées de parc. « I am so sorry sweetheart, I don’t know where they are ». Encore un sweetheart qui a fait passer la déception. Je n’ai aimé aucune sculpture, même pas celle d’Anish Kapoor, zéro émotion. Zéro. Pas grave, je me suis rafraichie dans les jets d’eau car il faisait 35 degrés/humidité super élevée (Houston quoi !) et me suis baladée dans l’école d’art et là non plus, zéro émotion devant les œuvres des élèves malgré l’appréciation immense pour l’effort et le cœur qu’ils ont mis dans leurs œuvres. J’ai aussi pu ressentir leur joie d’être exposés. Je le sais car je jubilais quand mes peintures étaient choisies pour les « Student expos ». J’ai adoré ce sketch fait par une fille de 14 ans.





J’ai terminé ma journée par une ballade dans ma rue préférée : South Boulevard. Cette rue est magique et n’existe nulle part ailleurs. Je vous l’ai décrite dans mon blog précèdent et je vous envoie encore quelques photos. Le paysage et l’atmosphère sont magiques et envoûtants. Ça vaut vraiment 11 heures de vol. Regardez ces chênes splendides (blog précédent), les branches sont comme des tentacules qui nous tendent la main.
SAMEDI : Je continue à « soak up » la belle énergie de Houston
C’est si bon d’être là. Je profite des bruits, des odeurs, des voix, des ambiances, de la chaleur qui me réchauffe le corps et le cœur. C’est fou comme mes 5 sens sont beaucoup plus en éveil dans cette ville. Est-ce encore toute cette charge émotionnelle si positive que j’ai collé à Houston ? Tout me fait du bien ici.
Direction Hôtel Zaza pour mon petit dej, c’est un hôtel que j’adore, on se sent une vraie princesse. Le service est impeccable et les omelettes aux jalapeños sont délicieuses, il fait calme, le public est élégant et la déco est super sympa. J’ai ma petite table habituelle dans un petit coin et j’adore. C’est là que je retrouve toujours Marie chaque fois que je reviens à Houston pour quelques jours. On y reste des heures et on reprend la conversation là où nous l’avons laissée 3 mois auparavant.
Je ne suis pas encore à l’aise de prendre un bain rempli à rabord et mouiller ma cicatrice. Docteur Derek avait dit qu’il fallait encore attendre 2 semaines après le diagnostic post-op. Même si je les avais dépassées, je préfère laisser mon gros pansement qui me protège. Je dis « qui me protège » et non « qui protège ma cicatrice » parce que je me sens toute protégée, en sécurité avec ce petit coussinet sur ma mastectomie. Direction Dry Bar qui sont des espèces de petits salons de coiffure a part que personne ne coupe les cheveux, les Américaines y vont juste pour se faire laver les cheveux et ressortir avec un beau brushing, c’est un concept qui fonctionne du tonnerre ici. Heureusement pour moi car j’en ai trouvé un tout de suite dans Rice Village.
J’ai eu droit à un petit massage de la tête et un « I wish you good luck for your cancer journey ». Et là, les larmes ont coulé. Coulé, coulé, coulé sans pouvoir m’arrêter. Je me disais que ça avait été l’euphorie depuis le début du séjour, un coup de mou m’attendrait certainement au tournant à un moment donne. Eh bien voilà…
J’ai passé l’après-midi avec une copine, j’étais hyper mélancolique. En repartant du Dry Bar, je devais inévitablement passer devant l’école des enfants (Southampton Montessori School) et les émotions sont remontées à nouveau. Je revoyais la graduation d’Alexandre en 2004 dans le jardin devant l’école, je repensais à la joie de les récupérer tous les jours à 4 heures avec leur cartable plein de dessins et un sourire extraordinaire tant ils adoraient cette école. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire une séparation entre deux époques. L’avant-cancer et ses belles années d’insouciance et de souvenirs extraordinaires et l’après-cancer. Même si ce cancer m’amène tellement de choses merveilleuses et positives, je ne pouvais m’empêcher de faire une scission entre l’avant et l’après.




Je suis aussi repassée devant l’endroit où j’ai donné ma conférence en septembre dernier, c’était un moment magique. Je me sentais vibrer, c’était la première fois que je parlais en public, j’avais été invitée à partager mon combat contre l’anorexie et ma victoire. J’avais également animé un atelier pour apprendre aux gens à manger en pleine conscience. Je leur avais donné une Mignonnette et j’avais créé une méditation où ils apprenaient à manger en pleine conscience, c’était extraordinaire.
J’ai terminé ma journée sur une super note, je suis allée manger dans mon resto mexicain préféré. Lupe Tortillas. Alors là, c’est le tour du monde assuré, quel dépaysement total, musique mexicaine, ambiance chaleureuse, une terrasse pleine de petites lumières comme j’adore et un mix hallucinant de cultures. C’est le rassemblement de tous les continents, il y a des gens de toutes les couleurs, de toutes les orientations sexuelles et de toutes les confessions. Un moment magique où on déguste les meilleurs sizzling fajitas et margaritas au monde. J’avais demandé à Docteur Zen si je pouvais prendre un petit verre de rosé tous les soirs, il n’avait pas dit non, je me suis dit que je pouvais aussi m’offrir une bonne margarita… et même deux.

DIMANCHE : Whole Foods et la Menil Collection, mes escapades habituelles
Escapade chez Whole Foods ce matin quand la ville dort encore. J’adore circuler à cette heure-là, ça me donne l’impression que la ville m’appartient. Ce que j’aime aussi, c’est d’arriver dans les premiers chez Whole Foods et prendre le temps de déguster un bon café avant de déambuler dans les rayons, tous plus extraordinaires les uns que les autres. J’adore le rayon des produits en vrac. J’adore verser les amandes de mon choix dans le grinder géant et faire mon propre beurre d’amande. J’ai envie de tout acheter et je repars généralement avec beaucoup trop de kale de couleurs différentes, de bouquets de coriandre géants, de grenades d’une couleur exceptionnelle que nous avons chez nous et de variétés d’avocats sans oublier les watermelon radishes qui sont non seulement splendides, mais aussi délicieux. C’était toujours le hit pour mon compte Instagram…

Si je devais trouver une image parlante pour décrire mon expérience chez Whole Foods, pensez à un enfant chez Fao Schwarz à NY. J’ai embarqué encore quelques tulipes pour le Airbnb et j’étais ravie. Je m’étais dit que je ne ferais que des choses que j’aime pendant toute la semaine. Acheter et arranger un bouquet de tulipes en fait partie.
J’ai fait un petit tour à la Menil Collection avec une amie avant de rejoindre Véro pour le déjeuner chez Drexel House. Juste pour info Dominique de Menil a fait la donation de cette fondation à sa ville d’adoption. Si vous voulez lire davantage sur l’histoire de la fondation, je vous invite à clicker ici. La fondation a plusieurs bâtiments dont la Rothko Chapel et le musée Twombly. Les bâtiments sont sublimes et les grandes étendues de pelouse autour sont très agréables, on aime s’y balader et flâner, il y a une ambiance très apaisante qui donne envie de se recueillir et juste profiter de l’instant présent.

On y trouve des Twombly, des Basquiat, des Warhol, des Leger, des Ernst, des Mondrian, des Matisse, des Rothko, des Breton, des Rauschenberg, des Matta, une chiée de Magritte and so much more. Je ne vais pas m’étendre sur mes goûts artistiques. J’adorais l’art moderne et quelques contemporains, j’ai eu ma passe « complètement fana de Basquiat ». D’ailleurs on a dû faire un exercice extraordinaire quand j’étudiais à la Glassell « Prenez-vous pour Basquiat ». J’ai peint de toiles géantes en me prenant vraiment pour Basquiat, c’était une période géniale. Je vous ai aussi déjà dit que le cubisme me fascinait et j’adorais aussi Twombly et Rothko que j’ai vraiment découverts à Houston et que j’aime toujours.

En me baladant à la Menil aujourd’hui, je me suis dit que certaines œuvres et certaines installations étaient quand même du solide foutage de gueule. Je suis sûre que je vais heurter certains lecteurs et certaines lectrices mais je m’en fous éperdument. Je sais que les messages sont soi-disant toujours très forts, mais les monochromes, les toiles géantes avec 1 grosse éclaboussure comme si le peintre avait tiré au paintball et les installations débiles (y en avait une avec un lavabo géant et deux jambes de petite fille portant des sandales qui sortaient du trou d’évacuation…) me laissent en fait complètement indifférente. Allez franchement…
J’ai décidé de remonter le temps en allant au Rijksmuseum il y a peu et j’ai vraiment repris goût à la peinture flamande. Y a rien à faire, y a rien à dire… Je me demande qui n’apprécie pas un splendide Rembrandt, un de Hooch ou un Vermeer. Celui-là, c’est mon préféré.

De là, j’ai foncé chez Ghislaine, notre agent immobilier. Ce serait réducteur de dire cela, Ghislaine est une chère et tendre amie qui a connu un grand drame dans sa vie. Elle a perdu sa fille il y a 4 ans. Ghislaine est une grande dame, elle est un exemple de courage et de force inimaginables. Aujourd’hui, elle anime des conférences, des workshops, des marches et plus encore pour toutes les personnes qui ont perdu un enfant, un petit-enfant, un frère ou une sœur. Elle a transformé son drame en une force extraordinaire et elle se mobilise pour aider des centaines de familles. Je lui lève mon chapeau. Ça faisait deux ans que nous nous disions que nous devions boire une coupe de champagne pour fêter la vente de notre maison qui avait été inondée par l’ouragan Harvey et chaque fois que je venais à Houston, nous ne trouvions pas le moment. Eh bien cette fois-ci, nous ne l’avons pas trouvé, nous l’avons pris. Je suis allée la rejoindre dans son bureau et nous avons siroté un bon Perrier Jouet en dégoulinant (ils coupent la clim le dimanche) et en utilisant les contrats que je devais signer comme éventail. Nous avons passé un moment formidable où nous avons échangé l’essentiel. Zéro bavardage. Que des émotions.
De là, je suis allée chez Véro que je n’avais plus vue depuis 1 an. J’ai rencontré Véro il y a 20 ans quand je suis arrivée à Houston, nous avions le même pédiatre et nous nous étions retrouvées toutes les deux à la fête d’annif du fils du pédiatre dans un magasin de petits trains électriques. Ça a cliqué en 3 secondes, son fils Peter est devenu le meilleur ami de mon fils Alexandre et nous sommes grandes amies depuis. J’ai donné des cours de français à son fils Paul quand il avait 8 ans, j’ai toujours eu un petit faible pour Paulux et je l’ai revu plusieurs fois depuis qu’on a quitté Houston. Quand il était étudiant à NYU, on allait se balader dans Central Park quand j’étais de passage à NY et j’avais prévu de passer un peu de temps avec lui début juillet à Washington où il travaille pour le moment mais comme vous le savez dès à présent, les plans de vacances sont tombés à l’eau. Il m’a fait part de ses projets food et je suis ravie de le suivre et lui donner un coup de main s’il le souhaite.
La journée était formidable mais un peu trop chargée, je sentais qu’il ne fallait pas qu’elles soient toutes comme celle-là sinon j’allais ramper à la fin du séjour.
LUNDI : Un petit tour en montagnes russes…
Que se passe-t-il ? L’écriture ne vient pas, l’inspiration n’arrive pas, les mots ne jaillissent pas et pourtant les émotions sont fortes. Ça me donne chaque fois un petit coup de stress comme si l’inspiration n’allait plus jamais revenir. Je dois juste accepter qu’on ne choisisse pas les moments où les mots jaillissent. Ça fait 3 jours que j’essaie d’écrire et rien ne vient. J’ai écrit tout ce que vous avez lu jusqu’à présent mardi.
Je suis une amoureuse de la solitude au point de me demander parfois si je ne deviens pas un peu sauvage. En période de chasse (octobre – février et un peu juillet et août et plus encore), je jubile quand Didier part du vendredi soir au dimanche soir pour deux raisons :
1. Cette passion le fait vibrer et crée un lien extraordinaire avec Willy car ils partent toujours à deux. J’adore l’idée qu’ils partagent la même passion. Alex aimait aussi beaucoup au début, il a tiré ses premiers ramiers à l’âge de 11 ans quand nous habitions à Dion mais n’a pas mordu comme William.
2. Je peux profiter de la solitude et du silence, et d’autant plus car je sais que les hommes sont heureux. Alex est toujours en ribote alors je suis seule. Je ne parle à personne, je ne vois personne, je décroche d’ailleurs rarement le téléphone et je chipote. J’écris mes blogs de nutri et de psycho, je passe des heures à prendre des photos de nourriture (ma nouvelle passion) et à les éditer, je me mets tôt au lit et regarde des TED Talks. Le temps passe à une vitesse v-v’ et j’adore.
Eh bien, ça a changé depuis l’annonce du cancer. Je n’aime plus la solitude même si j’adore toujours autant le silence. J’aime bien que quelqu’un ne soit jamais très loin dans la maison ou dans le jardin, juste une présence mais les longues conversations me fatiguent encore. Pour être plus correcte, elles me fatiguaient jusqu’au départ pour Houston. Plutôt que de répondre au téléphone ou par écrit à tous les messages de soutien, j’ai opté pour les longues tirades sur WhatsApp, je donne des news via le blog mais énormément via messages vocaux sur WhatsApp et Messenger et je reçois en retour plein de messages vocaux que j’adore. Des récits de vacances, des histoires amusantes, des anecdotes racontées avec humour, des vidéos.
Moi qui adorais toujours passer quelques heures au calme dans mes Airbnb entre les rendez-vous de boulot, les lunches et les dîners entre copines, ça ne m’amuse plus du tout de rester seule et en plus, l’inspiration ne vient pas. Je me suis donc installée dans le bureau d’amis où je fais toujours livrer tous mes colis toute l’année ronde. J’y ai une petite table où tous mes paquets m’attendent et je peux venir écrire sans déranger personne et l’avantage, c’est que je ne dois pas non plus me lancer dans de grandes conversations car tout le monde bosse donc j’ai le beurre et l’argent du beurre, je suis entourée et je profite du silence aussi. J’adorais écrire chez Starbucks ou Barnes and Noble mais pas cette fois-ci.
J’ai décidé de piquer une petite tête chez A Bientôt, un maga d’accessoires lancé par deux Américaines très chic. Une a habité à Paris des années et j’avais donné des cours de cuisine à l’autre lors de mon premier séjour à Houston, deux femmes super élégantes et branchées. Elles ont lancé un maga qui fait fureur dans le quartier chic de Houston avec plein d’accessoires qui viennent de partout. Elles ont un nombre invraisemblable de foulards super sympas et de chapeaux de paille qui ont fait mon bonheur. Je m’étais cachée dans un petit coin pour mettre les foulards sur ma tête pour checker les couleurs. J’ai complété les achats chez A Bientôt par quelques fringues sympas chez Anthropologie et J. Crew, des tenues un peu pop pour les chimios.
J’ai rejoint Véro pour un lunch dans mon endroit préféré, The Drexel House, où je prends toujours les shishitos, la salade de kale et leur baguette chaude avec de la mousse de beurre.

Il faisait une chaleur écrasante mais nous avons quand même opté pour le lunch en terrasse, les fans tournaient à pleine puissance mais brassaient de l’air chaud et ils avaient installé des ventilos qui crachaient une petite brume comme les sprays Évian. Nous avons passé un moment formidable à se raconter toute notre année car nous ne nous étions pas beaucoup parlé.
Je suis rentrée et ai déballé tous mes achats pour prendre des photos pour les copines et maman, et là, coup de massue géant !


Je me suis écroulée et je n’ai pas réussi à penser à autre chose que le jour où on allait me raser la tête, j’étais tétanisée et fatiguée. Depuis l’annonce du cancer, je trouve que c’est l’épreuve la plus difficile à gérer. Tout le monde est si gentil en me disant « Ne t’inquiète pas, ils vont repousser », mais c’est bien plus dur que vous ne pouvez l’imaginer.
La montagne russe a entamé sa descente et il était temps que j’aille me coucher pour qu’elle reprenne ses forces pour attaquer la montée.
MARDI : La maison des horreurs
Je me suis réveillée vraiment tristounette, la nuit n’avait pas vraiment amené beaucoup de réconfort et j’étais encore bien plombée par mon coup de massue de la veille. J’avais une sale gueule et il fallait que je fasse mes photos d’identité pour la carte verte. Je me suis demandé si le gouvernement américain aurait accepté un crâne rasé comme photo d’identité.
J’ai trainé au lit. J’ai appelé Didier qui rentrait du Sud-Ouest de la France pour lui partager ma frayeur de ce fameux jour où on allait raser mon crâne. J’avais une boule épouvantable dans la gorge et elle ne passait pas, je n’arrivais pas à arrêter la scène qui tournait en boucle dans ma tête, à part que ce n’était pas si clair que ça (est-ce que je regarde le miroir, qui sera là, …). La seule chose qui était claire, c’était la violence émotionnelle et la profonde tristesse de l’acte.
En grande consommatrice de YouTube que je suis, je me suis connectée et j’ai cherché des bloggeuses qui ont accepté de passer ce fameux jour devant la caméra. Je voulais trouver des scènes où elles se font raser pour que je puisse dédramatiser, me préparer, accepter, me sentir moins seule. YouTube est mon go-to quotidien quand je veux écouter un TED Talk, quand je cale en HTML ou dans WordPress, quand je veux préparer un voyage, quand un sujet m’intrigue ou quand je cherche comment faire un magnifique chignon pour un diner. Hier soir, c’était pas comment on attache ses cheveux pour un gala mais comment on attache un foulard sur la tête. J’avais déjà essayé avant de partir à Houston et ça a complément foiré si bien que ça m’avait mis de très mauvais poil.
J’ai trouvé deux bloggeuses américaines, enfin vloggeuses pour être plus précise, qui ont décidé de poster des vidéos de leur « cancer journey ». J’ai évidemment cherché le grand jour, celui où on leur rase la tête. C’était terrible, terriblement émouvant, j’ai pleuré comme un bébé. Je me suis demandé si c’était en fait une bonne idée de visualiser ces vidéos, je ne savais pas trop bien. Il s’est avéré que c’en était une car j’étais beaucoup plus apaisée après. Je vous partage la fin de la vidéo de cette vloggeuse, elle passe d’abord des heures à expliquer l’enfer des jours avant de se raser la tête où elle perd ses cheveux par paquets, c’est d’une tristesse absolue et je ne sais pas pourquoi elle a attendu aussi longtemps pour se les faire raser. Elle fait la forte et je ne suis pas sûre que je serai capable d’en faire autant…
Après avoir envoyé quelques mails et donné quelques coups de fil : maison d’Edition, Saint-Pierre, Docteur Zen pour lui demander sa position sur le CBD oil, maman pour qu’elle appelle l’homéopathe entre 8 et 10 heures du mat, c’est la nuit ici, … Je me suis mise en route pour les photos de passeport.
J’étais habillée en blanc et blanc sur fond blanc n’est pas accepté.
« Vous ne pouvez pas trouver un t-shirt dans le magasin ? »
Il est revenu avec un t-shirt noir immonde avec un grand Texas en blanc. Après 10 essais, j’ai fini par accepter la moins pire et je me suis baladée dans le rayon maquillage pendant qu’il imprimait les photos. Je ne suis pas une grande consommatrice de maquillage. Un peu de rimmel pour les cils ou une BB crème teintée et je n’ai besoin de rien de plus tous les jours. Je pense que je devrai faire un peu plus d’efforts quand j’aurai la boule à zéro. Insister un peu plus sur les yeux et les lèvres. C’est invraisemblable ce qu’on trouve chez Wallgreens, faut dire que l’Américaine en général est toujours beaucoup trop maquillée. Je suis tombée sur ces rouges à lèvre à message trop mignons et je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire en voyant « I am bold ». Pour ceux et celles dont l’anglais est un peu rouillé, Bold veut dire courageuse, forte, confiante. Mais Bald (prononcé bold) veut aussi dire chauve. J’ai envoyé un message à Géraldine, ma copine cancer, qui m’a demandé de le lui acheter.

« Géraldine, j’ai aussi trouvé des cils magnétiques, t’en veux ? » (parce que on perd très souvent ses cils et ses sourcils vers la fin… y’en a même qui portent mon nom Remy lashes !)


Direction Chinatown pour rencontrer mon avocat (chinois) pour signer tous les dossiers pour la carte verte. C’est sûr que c’est plus facile d’être dans Chinatown s’il préfère manger chinois tous les midis. J’adore ce quartier, on allait souvent manger là avec les kids. Pour la petite anecdote, heureusement que ma mère était là lors de ma première escapade dans un des supermarchés chinois (en 2000). Elle était super habituée car on a vécu à Hong Kong pendant 2 ans (de mes 5 à 7 ans). Tout est écrit en chinois, en chinois seulement. J’ai découvert des tonnes de fruits, légumes, herbes, sauces, produits fermentés, poissons inconnus au bataillon. J’ai toujours adoré la cuisine orientale et j’offrais beaucoup de plats thaïs et viets (mes deux cuisines préférées) quand j’étais traiteur.
Pour revenir à la carte verte, en temps normal (normal = pas de cancer), j’aurais dû rester dans le territoire entre le moment où on signe tous les papiers avec l’avocat et le moment où le UCSIS m’appelle pour faire mes empreintes (qu’ils ont déjà pourtant en je ne sais pas combien d’exemplaires), c’est-à-dire 4 à 6 semaines (ou plus depuis que Trump a rendu l’immigration un véritable parcours du combattant). C’est ce qui était prévu pour cet été et j’étais super ravie, c’est aussi la raison pour laquelle je m’étais trouvé des petits boulots à Houston pour le mois de juillet, plus un stage food photography au Nouveau Mexique. Des cours de cuisine chez Central Market et le fameux diner chef à domicile que j’avais offert pour la vente aux enchères au gala de Healthcorps a NY. Tous les plans étaient à nouveau annulés et grâce à (à cause de…) ce cancer, je ne dois pas rester aux US pendant 4 à 6 semaines, mais je peux aller faire mes empreintes à Francfort. J’aurais vraiment préféré Venise ou Florence, mais on ne choisit pas.
Grand jour aujourd’hui, je vais essayer des perruques ! Après tous les foulards hier, c’était le jour des perruques, je voulais faire le tour de la question et être rassurée que j’aurais encore l’air féminine avec mon crâne rasé. Vous vous souvenez la maison des horreurs à la foire de la gare du Midi ? Eh bien c’était ça, en bien pire. La boutique était immonde, les deux nanas feraient bien d’aller faire un tour chez les chirurgiens esthétiques pour avoir quelques idées pour décorer leur boutique. Ça m’a même foutu les boules toutes ces têtes sans expression qui me regardaient. C’était glauquissime.


Alors que j’ai droit à des « sweetie pie, honey pie, honey, darling, sweet heart » dans toutes les boutiques et restos, que dalle ici alors que c’était justement ce dont j’avais vraiment besoin. Je suis accueillie par une grosse Mexicaine à qui je raconte mon aventure. On a fait le tour de la boutique, elle m’a expliqué la différence entre les cheveux synthétiques et les cheveux naturels (human hair) en me disant que c’était quand même plus facile les synthétiques et qu’ils n’avaient pas de stocks de perruques aux cheveux naturels vu le prix. Je trouvais que tout était affreux, sans exception. Je lui ai dit que je cherchais une perruque aux cheveux naturels, exactement la même longueur et la même couleur que mes cheveux, plain and simple ! Et là a débarque de l’arrière du magasin une autre femme qui avait trois poils sur le caillou, c’est le comble. La Texane profonde pas chic pour un sous, ça doit être le genre de femme qui rentre chez elle en pick up truck en chiquant du tabac.
Elles ont discuté de mon cas et elles m’ont donné l’impression que j’étais une martienne qui demandait quelque chose que personne n’avait jamais demandé. Je me suis dit que je n’étais pas au bon endroit car vu ce qu’elles offraient, la clientèle du coin devait avoir des goûts de chiotte même si je ne prétends pas avoir le monopole du bon goût.
Elles m’ont installée dans un fauteuil de coiffeur et m’ont enfilé un filet sur la tête, dans le genre cambrioleur de banque mais sans le visage ou noir rappeur. Et on a attaqué les essayages.



Tout était affreux, mais ce qui était encore plus affreux, c’est que ces femmes n’arrivaient pas à comprendre à quel point c’était une étape psychologiquement difficile. A aucun moment, elles n’ont dit quelque chose de gentil ou de réconfortant sauf un petit sweetheart de la Mexicaine à la toute fin. Le Texane a même dit à un moment que j’étais « picky » (difficile). J’étais furieuse et même si j’avais aimé une perruque, je ne l’aurais pas achetée car je trouvais qu’elle avait dit quelque chose de plus que déplacé, voire même méchant.
« Ne me dites pas que toutes les patientes du cancer arrivent enchantées et repartent enchantées sans montrer la moindre émotion. Je ne suis pas picky, c’est juste difficile de franchir cette étape et en encore plus trash de se trouver immonde avec toutes les perruques que vous m’avez installées sur la tête. Je suis sûre que vous comprenez… »
Zéro réponse, ce qui m’a indiqué clairement qu’elle n’avait rien compris.
J’avais embarqué un vieil (au sens propre comme au sens figuré) ami pour déplomber l’atmosphère, c’était finalement beaucoup plus sympa. C’est un passionné d’histoire, j’ai donc eu droit à toute l’histoire des perruques au 18ème siècle (What The Fuck, avec quoi il vient ?) et puis il a fini par décréter que le petit filet sur la tête était beaucoup plus beau que toutes les perruques et que les foulards ou même le crâne à nu étaient the way-to-go without hesitation pour reprendre ses mots. « You will look like a gorgeous French model ». C’était hyper gentil.
Je l’ai invité au Cheesecake Factory pour le remercier de m’avoir accompagnée. Les burgers et les salades y sont délicieux et l’avantage, c’est qu’on en a pour 3 jours si on repart avec un doggy bag (qu’on appelle pas comme ça aux US). C’était National Cheesecake Day, nous avons donc été accueillis avec un « Happy National Cheesecake Day, all cheesecakes are 50 percent off ». Happy National Cheesecake Day, un événement aussi important que le 4th of July pour les gens qui travaillent au Cheesecake Factory et à mon avis pour pas mal d’Américains…


Une tranche seulement de ces cheesecakes a le pouvoir de vous plonger dans un véritable food coma pendant 24 heures !
C’est franchement un sketch ces National Days. National Chocolate Chip Cookies Day, National Chocolate Fudge Day, National Ice Cream Day, National Pizza Day, National Donut Day, … complètement aberrant et encore une excuse de s’enfiler des horreurs qui font grimper en flèche les cas de diabète de type 2. Attention, attention, je tiens à dire qu’ils ont quand même des « Healthy days » comme le National Strawberry Day ou le Almond ou Pistachio Day. Je ne vais pas m’étendre sur les habitudes alimentaires du peuple américain en général, moi je profite de leurs magas bios extraordinaires, leurs almond tortillas, des meilleurs avocats de la terre et des fruits et légumes locaux qui sont gorgés de soleil et de vitamines, ainsi que tous les restos branchouilles qui sont dans la mouvance « healthy/green/vegan » même si je ne suis pas vegan.
Demain, escapade dans un maga de perruques dans le plus beau quartier de Houston, j’ai comme une impression que le goût et l’accueil seront meilleurs.
Suite dans le prochain blog que j’écrirai de l’aéroport. Je vous promets, il sera moins long, je pense que je vais faire un bullet point des moments forts de la fin du séjour.
Lots of love to y’all !
Petites photos de mes colis de foulards + essayages, j’ai du chemin à faire pour l’accrochage des foulards…






Si certaines lectrices sont invitées à la soirée et cherchent un petit accessoire, je ramène 14 bandanas et 14 paires de boucles d’oreille US !
Je reprends contact avec toi à travers ton blog car bien que vivant à 200 m l’un de l’autre, j’ai eu l’impression de m’être caché derrière la lune pour éviter ce sentiment d’intrusion dans ce qui est un “épisode” de vie tellement intime. Un sentiment de tristesse m’a envahit et tes moments de joie voir d’euphorie n’arrivaient pas à me ramener dans ma propre orbite. Des gens qui ont eu un cancer, j’en ai connu ne fusse que ma soeur qui m’a fendu le coeur, car sans être ma jumelle c’était comme si elle l’était. Un grand vide et une tristesse qui parfois revient a la surface quand je la regarde sur mon appui de fenêtre en face de mon bureau. Je me suis dit qu’en arrêtant de lire ton blog, c’est comme si j’abandonnais quelqu’un pour qui j’ai une affection toute particulière. Impossible, impensable. Donc me revoilà pour partager avec toi et les tiens ce moment si difficile et si complexe dans toutes ces sensations que tu décris si bien. Je dois accepter d’avoir de temps en temps mal au coeur mais d’autre part j’ai aussi l’impression que je porte un tout petit peu de ta détresse . Gros bisou.
PS: Crois moi perdre ses cheveux n’est pas dramatique. Je me supporte très bien depuis une quarantaine d’années.
Merci de tout coeur mon cher voisin adore! Oulalala, comme ca va etre difficile de partir en janvier, ca me fend le coeur… Merci pour ton eternel soutien et tes mots si doux, gentils et encourageants, ca me va droit au coeur. Il est grand temps qu’on se prenne un petit rosé, deux semaines sans vous voir, toi et Xstine, me parait comme une eternite, et ce d’autant plus depuis le debut du cancer! PLein de kiss XO Delph