Journal de bord d’une girouette en plein vent

Journal de bord d’une girouette en plein vent

J’ai hésité avec “Journal de bord d’une nana qui en a vraiment plein le dos” ou “Première étape: la gonflette”. Quand on écrit un blog sur plusieurs jours, c’est un peu complexe. L’humeur fluctue. Le moral fluctue. La fatigue fluctue. Mes points de vue par rapport à la reconstruction fluctuent et c’est le bordel pour le titre. Tout fluctue, tout change, tout passe, tout part, tout revient. Tout tourne comme une girouette. Comme vous… des phases. Plein de phases. Des bonnes, des moins bonnes, des mauvaises, de très mauvaises.  

“Journal de bord d’une girouette en plein vent”, c’était beaucoup plus charmant.

C’est joli une petite girouette en plein vent, ça me plonge dans des souvenirs d’enfance. Si un son s’en dégageait, il serait mélodieux, agréable. Mais imaginez un instant que cette girouette prend place dans votre tête et qu’elle tourne sans cesse. A vous rendre fou, à vous donner le tournis, à vous épuiser. Elle tourne, elle tourne. Tout le temps, elle tourne. Le petit coq charmant, le petit oiseau en fer forgé, le petit bateau sur le port du Finistère deviennent tout à coup des ennemis. La mélodie devient vacarme… 

Allez, je vous emmène avec moi pour que vous compreniez… J’imagine que tout le monde se reconnaît dans ces dilemmes, parfois solides-prises-de-tête, parfois même insupportables… Je veux ou je veux pas, je fais ou je fais pas, c’est important ou ça ne l’est pas, c’est capital/vital ou ça ne l’est pas, maintenant ou pas maintenant, je dis ou je dis pas, je pars ou je reste. On aimerait parfois que ce soit tellement plus simple, plus tranché, plus clair. Ça OU ça? Ça OU ALORS ça? L’un OU l’autre. C’est binaire, on fait un choix et basta. On avance. 

Mais les choses se compliquent solidement quand on veut ça ET ça, l’un ET l’autre et que ça ET ça et l’un ET l’autre sont complètement contradictoires et incompatibles. Vous me suivez? Vous arrivez à trouver un exemple pour vous-même? Dans le cadre du boulot? Sur le plan familial? Personnel? Pause… 

Prenons un exemple insignifiant, disons que vous vous dites que vous voulez des cheveux courts ET des cheveux longs. Incompatible et contradictoire. Si mes dilemmes se résumaient à cela, je serais bien contente mais il n’en est rien. Et il n’en est rien pour personne car nous sommes tous et toutes une espèce d’amas de forces antagonistes et contradictoires, parfois même intempestives à moins d’être un sage mais la sagesse n’existe pas. C’est pas moi qui l’ai dit, c’est Montaigne et bien d’autres. Moi, je trouve que c’est bien plus sage de reconnaître que notre vie est faite d’oppositions, de conflits intérieurs, d’ennemis intérieurs même, de choix à faire, parfois difficiles, et qu’on essaie comme on peut de naviguer dans cette mer houleuse. Les périodes d’accalmie sont douces et agréables. C’est fluide. Je suis sûre que vous pouvez les ressentir… quand tout est aligné, pas de prise de tête, on sent qu’on est dans le bon, que tout est juste, on est bien, on se sent en harmonie avec tout. Nous-même, nos choix, la vie, les autres, ça fait du bien. 

J’ai eu beaucoup de moments comme ceux-là pendant mon cancer. Les périodes de grand calme, de tranquillité intérieure, d’écriture. J’étais bien, tout était bien. J’étais un peu nostalgique ces dernières semaines car j’avais un peu de mal à retrouver ces états. Pas compliqué pourtant, se mettre au coin du feu, écrire, lire, se reposer, avancer tranquillement sur mes projets et reporter à plus tard toute cette histoire de reconstruction mammaire parce que c’est là que je veux en venir dans ce blog et puis aussi aux difficultés bien réelles du post-cancer. Je sais, je sais, j’en ai déjà parlé à maintes reprises mais j’ai encore quelques trucs à vous raconter… J’ai aussi un message important pour les femmes. Très important. Faut croire que si un jour, il y a un tome 2 (inchallah), il traitera de cette période vraiment compliquée dont tout le monde parlait mais je ne me sentais absolument pas concernée pendant mon cancer parce que tout se passait plutôt bien avec plus de hauts que de bas et des joies plus intenses qu’à l’heure actuelle. Le voyage, malgré les difficultés concrètes, était constructif, parfois même très enrichissant, parfois même tout doux. 

Victime « a posteriori »

Retour au présent… Je n’ai jamais autant compris le sens de l’expression : être victime “a posteriori” et pourtant je l’ai utilisée il y a bien longtemps dans mon blog, je pense qu’il est même dans mon livre mais j’étais à mille lieues d’en ressentir toute sa signification. Logique, je n’étais pas encore dans le “a posteriori”. Victime a posteriori, on peut pas mieux décrire cet état de la personne qui a été plongée de manière quasi instantanée dans un véritable tsunami émotionnel. Quand le tsunami est passé, on commence à ramasser tous les petits morceaux pour reconstruire petit à petit le village ravagé par la vague géante… bien voilà… les images sont peut-être un peu fortes, mais parfois c’est comme cela que je le vis. Ces dernières semaines, j’essayais de ramasser les morceaux pour me reconstruire à tout point de vue mais la girouette était incalmable. D’ailleurs pour que vous puissiez ressentir le cirque de cette girouette effrénée et la cacophonie qu’elle engendrait, je vais énumérer de manière indigeste un petit extrait de ce qui tournait dans ma tête. Le lire en fast forward vous rapprocherait du vécu…

Mais avant cela... petite mise en situation.

Fin novembre: Muriel (secrétaire de Docteur « Je maîtrise toutes les techniques »), je ne suis pas prête pour l’opération du 1er décembre, on annule.
30 décembre: Muriel, je ne suis pas prête pour l’opération du 12 janvier, on annule.
4 janvier: Muriel, maintenant je suis prête. On peut fixer une date.
5 janvier
– Madame Remy, Docteur « Je maîtrise toutes les techniques » peut vous opérer le 19 janvier. 
– Non, non, ça ne va pas être possible, je ne suis pas prête, c’est trop tôt.
– Madame Remy, madame Remy!

Muriel a dû se dire que ça ne tournait pas bien rond dans ma tête… ce qu’elle ne sait pas, c’est que justement, ça n’arrêtait pas de tourner. Sans cesse.

Bienvenue dans ma tête…

Je vous y emmène une dernière fois et puis après, je clos cette histoire de “girouette reconstruction” parce que j’en ai plein le dos. Ça tourne en boucle et je peux tout à fait imaginer que c’est compliqué pour quelqu’un qui n’est pas passé par l’épreuve du cancer du sein et qui n’a pas perdu un sein (ou deux) de comprendre pourquoi c’est si complexe et éreintant. Le blog « L’amazone trinque solidement par moments » introduit déjà le sujet.

Pourquoi je suis une telle girouette? Je me déteste d’être indécise. Pourquoi c’est si compliqué? Pourquoi c’est pas binaire ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi Delph? Pourquoi j’arrive pas à mettre ce sujet de côté pour quelques mois? Je veux OU je veux pas, je fais OU je fais pas? Qu’est-ce que ça vient toucher au plus profond de moi-même? Tout s’entremêle. Féminité, sexualité, désirabilité, confiance, tourner la page, passer à autre chose, être guérie, honorer son corps, le réparer, immobiliser cette girouette à tout jamais, ne plus devoir faire ce choix, que dis-je cette multitude de choix, être en paix… Je veux ET je veux pas, c’est incompatible. Non, je ne veux pas. Si, je veux alors pourquoi attendre? Je ne veux pas perdre ce petit torse d’amazone, de petite guerrière ET je ne veux plus être en décalage, je veux reconstruire. Je sais ce que je perds, je ne sais pas ce que je gagne. J’ai peur. J’ai peur d’être déçue, j’ai peur de ne pas me retrouver. J’ai une petite voix qui me parle et me dit oui, non, oui, non, comme le tic-tac d’une horloge. Ponds ton œuf, qu’est-ce que tu veux? Je m’imagine en petit soldat rose avec son drapeau rose qui milite (mais tout gentiment) et qui dit qu’on peut être tout juste magnifique avec juste un sein mais qui respecte celles qui veulent reconstruire parce qu’au fond elle veut aussi reconstruire. Tout ça pour un sein franchement… et puis qu’est-ce que j’ai comme attentes? Je ne sais même pas. Peut-être que ça ne me rendra pas plus heureuse, ni moins malheureuse, ni rien du tout, ni je ne sais pas. Pourquoi franchement? La féminité ne tient pas à cela, t’es au-dessus de ça… pour qui tu te prends de dire que t’es au-dessus de ça… au-dessus de quoi, c’est n’importe quoi… J’assume? Oui à fond, puis certaines heures, pas du tout. Ces identités qui changent tout le temps… comme si les seins constituaient une identité, n’importe quoi… une tumorectomie, une mastectomie, une prothèse, collée, décollée, recollée, redécollée sur le bord de l’évier, rincée après une journée, comme un dentier. J’ai vraiment du mal avec ça, c’est pour cela que je ne la mets jamais. C’est archi glauque vous savez. A en pleurer parfois quand on est fatiguée. Et parfois pas du tout. Certains jours, c’est trash, mais ça, personne ne le voit. Un cancer du sein, un cancer pas si grave, un petit cancer, un cancer qui se soigne si bien. Les petits nœuds roses en vente aux caisses des magasins, tout est rose, rose bonbon, octobre rose, mais c’est moins rose quand on est toute seule devant son grand miroir et qu’on se sait pas ou plus ce qu’on veut. La solitude dans toute sa splendeur. Et ces choix à faire encore et encore…

 Je veux, je veux pas, je veux, je veux plus. Un leurre peut-être… Je rêvais que le désir soit tellement fort que je ne le questionne même plus. Presque explosif. Un désir qui devient une certitude, une nécessité, même vital. J’ai déjà vécu cela, ça explose et on sait. Comme un ballon, un ballon qui se gonfle tellement fort qu’il explose, c’est le désir qui l’emporte, y a plus de doute. Je pars à l’hosto avec un désir tellement fort. Merde, je ne sens pas cela et j’aimerais tellement. Un désir tellement fort de se réveiller avec une prothèse, un galbe (le mot favori des mastectomisées!), un petit volume. Pour quoi faire? Quel est le sens de tout cela? Ça tourne, ça tourne, encore et encore. 

Un gros BOUM avant de se relever

Ce petit cirque infernal a atteint son paroxysme durant une conférence sur la reconstruction mammaire. J’ai pleuré comme jamais et même gerbé, les images étaient d’une brutalité, d’une violence sans nom. La conférence était très instructive, l’oratrice est une personne formidable, je l’aime beaucoup mais j’étais étouffée par mes émotions. C’était ma réalité du moment. Ça allait trop vite pour moi, je n’arrivais plus à respirer, j’étais en apnée, abattue par ces images que j’aimerais partager avec vous pour donner plus de poids au message que j’aimerais faire passer. Des torses abîmes, mutilés, des balafres parfois disgracieuses malgré la reconstruction, des bosses, des trous, des plis, des tatouages de mamelon et même des autocollants en 3D de mamelon. Tout était triste. J’aurais pu me dire que c’est extraordinaire de voir ce que la médecine fait aujourd’hui, c’est vrai, c’est tellement vrai mais à ce moment-là je ne voyais que souffrance, blessure profonde, atteinte à l’intégrité physique, deuil psychologique, empreinte violente, féminité amputée. Femme blessée.

La chirurgie réparatrice ou reconstructrice n’a rien à voir avec la chirurgie esthétique, qu’on se le dise. Tous ces plasticiens ne sont pas toujours de grands artistes du bistouri mais là n’est pas la question, ils font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, des peaux irradiées, plus assez de peau, plus de mamelon, des cicatrices de mastectomie parfois épouvantables et j’en passe… Pour clore ce paragraphe sur la reconstruction en tant que telle, il n’y a pas que le choix de reconstruire, oui ou non. Viennent ensuite les choix à faire entre une multitude de reconstructions possibles avec les risques et les conséquences de chacune (mutilations ailleurs et donc insensibilté, jambes, fesses, ventre, dos…), le choix du médecin, … Des choix, des choix, une multitude de choix, c’est éreintant, et une multitude d’informations que nous devons digérer alors que nous sortons à peine du tsunami où on a bu la tasse à maintes reprises, nos émotions sont chamboulées et prennent souvent le dessus car ce sont des choix qui viennent tout remuer et nous faire enfin réaliser tout ce que nous venons de traverser. C’est précisément là qu’on tombe dans le « a posteriori ». Tout frappe en pleine gueule. Violemment. Très violemment parfois. On ramasse les petits morceaux comme on peut. Voilà, je pense que je devais tomber très bas, BOUM, pour mieux rebondir et chialer tant que je pouvais avant de retrouver le sourire. 

Alors voilà… le sourire est revenu.

J’ai pris ma décision (comme par hasard, la fatigue débilitante des dernières semaines s’estompe petit à petit), et le constat est le suivant: j’ai envie de tourner la page, j’ai envie de passer à autre chose, j’en ai plein le dos, je suis fatiguée de ces choix à faire. Y a pas de choix à faire pendant le cancer, on est sur des rails, c’est en cela que je trouve que c’est plus facile. Ma copine Delphine m’a dit quelque chose la semaine dernière “Je ne réalisais pas qu’un cancer du sein, ça durait si longtemps.” BINGO, elle a mis le doigt dessus, ça n’en finit pas en fait. On joue les prolongations et ça commence à tirer en longueur.

Combien d’opérations pour la reconstruction, 2, 3, 4? Désolée, je balance du lourd, j’ai un agenda très clair pour ce blog, un message important, il arrive… et puis j’ai envie que ça sorte. Et viens que je te balance encore une, deux, trois, … anesthésies générales qui vont te foutre par terre parce que t’es déjà KO par tous tes traitements lourds pour éradiquer ton cancer. Et notre amie/alliée pendant 10 ans, Madame Hormono qui fait tourner la girouette fatigue, humeur, moral et qui se charge bien de nous rappeler qu’on a pris 3 ans dans la gueule, 2 ans dans la cervelle, 2 dans les articulations (ça vient de commencer), 2 sur la peau et j’en passe… Nous aurons bientôt une invitée spéciale sur le nouveau blog qui viendra nous parler de tout cela. Peut-être sont-ce de solides restes de la bombe atomique? Une bombe atomique, avec quoi elle vient? Docteur Phyto à qui je disais que j’étais cassée par moments et que j’allais voir pour me booster avant l’anesthésie générale m’a dit “Madame Remy, les traitements contre le cancer sont comme une bombe atomique, vous avez déjà vu qu’on déblayait les dégâts d’une bombe atomique en quelques semaines?” Ah bien dis donc, entre la bombe atomique et le tsunami, nous voilà servies pour quelques années. 

Alors voilà un peu où j’en étais les dernières semaines. Tac, tout est sorti, nondidjou, ça fait du bien. J’étais hyper fâchée, parce que merde, on croit que c’est fini mais la reconstruction ne fait que commencer… “Trop génial, t’auras enfin la paire de seins de tes rêves” ou “Le cancer c’est juste une mauvaise année à passer”: fucking bullshit, nonsense et inappropriate, des phrases qui devraient être censurées à tout jamais. Capito? 

Je me plains?

Non, je fais état d’une situation réelle et pas facile. La situation souvent, pour ne pas dire toujours, ressentie après une telle aventure. Beaucoup de repos, ce que je fais tant que je peux, on peut pas tout arrêter non plus, j’ai quelques engagements « sociaux » et souvent je les annule ou je les reporte, ça ne plaît pas à tout le monde, je m’en fous, je ne rappelle pas dans les temps ou parfois pas du tout, je fais ce que je peux, il y a encore pas mal de sollicitations avec le livre et je veux continuer à faire avancer mes projets à mon rythme. Il y a aussi une chose qui est capitale pour moi, c’est prendre le temps d’écrire et de prendre quelques clichés avec mon appareil photo. C’est vital, c’est presque aussi important que respirer. J’écris beaucoup plus que je ne publie, ça prend beaucoup de temps mais c’est comme cela que je digère, j’accueille, j’accepte, j’avance, je prends soin de moi et je réalise que ça fait un petit temps que le vol d’oies et le son du feu qui crépite ne me procurent plus la même joie qu’il y a quelques semaines, alors signal d’alarme! On va changer cela! Ne pas oublier les phases… ça tourne, tout part, tout revient, les périodes tumultueuses et les grandes accalmies. La Vie tout simplement. Variable, changeante, fluctuante, magnifique et dure à la fois. Et la joie, la joie malgré tout cela. 

Mon message cash aux femmes: FAITES-VOUS DEPISTER!

For God sake, faites-vous dépister! Quelle est votre excuse pour ne pas le faire? Pourquoi?

Pourquoi est-ce que j’attache tant d’importance à vous dévoiler le dark side de l’histoire et les difficultés de l’après? 

Parce que quand on est dépistée à temps, ça augmente les chances d’éviter la totale et ça permet de raccourcir ce long trajet et de pouvoir passer à autre chose. Reprendre sa vie, plus forte, fière d’être sortie la tête haute du combat MAIS sans jouer les prolongations. Et si j’ai réussi à faire passer mon message, vous avez donc compris que les prolongations sont pour moi, et pour la plupart d’entre nous, plus difficiles que le cancer lui-même. Si vous pouvez les éviter, votre vie en sera meilleure, croyez-moi. Voilà un slogan bien cheesy sorti pendant un apéro zoom avec Matilde qui, comme moi, lutte pour le dépistage précoce. “Dépistée à temps, tu t’en sors gagnant” pffff, on essayait de trouver une phrase qu’on oublie pas. Celle de Think Pink est vraiment bien “Ne laissez aucune chance au cancer du sein.” Tout est dit…

Quelques chiffres pour illustrer mes propos… (source : Fondation contre le cancer)

  • Le dépistage précoce permet de faire baisser la mortalité d’environ 40% [je trouve ça énorme].
  • La mammographie permet de dépister des cancers du sein à un stade débutant, stade auquel la maladie passerait inaperçue [aucun signe visible ou perceptible] mais risquerait déjà d’avoir des conséquences négatives [pour pas dire parfois désastreuses] pour les femmes atteintes.
  • Plus le cancer est détecté et traité à un stade précoce, plus les chances de guérison sont importantes. Elles peuvent atteindre 90% dans le cas de tumeurs détectées à un stade débutant.

Risques de radiation, faux positifs (de toute façon démentis in fine par une biopsie), cancer traité qui aurait été dormant… Ça me paraît QUE DALLE à côté des traitements lourds et la perte d’un (ou deux) sein(s). Vraiment que dalle… J’aime pas trop les gens qui militent et qui font chier tout le monde mais je crois que je vais un peu plus militer pour le dépistage  précoce parce que j’entends encore trop d’histoires de femmes qui se retrouvent avec des tumeurs qui ont déjà gagné (un peu trop) du terrain parce qu’elles n’avaient pas fait leur dépistage. 1 heure par an… je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres… je n’avais pas d’antécédents familiaux… En Belgique, 1 femme sur 3 ne se fait pas dépister. On a parfois vraiment l’impression d’être une petite voix dans le désert alors qu’on aimerait que le monde entier nous entende…

Avant le happy ending de ce blog…

Un petit mot sur cette photo de blog superbement réalisée. Ah le clair-obscur, suis une grande fan et je l’ai toujours été… Vous reconnaissez certainement la photographe, Amélie de Wilde. L’histoire a commencé il y a 18 mois. Un petit texto pour m’offrir quelques clichés suite à l’annonce de mon cancer… de splendides shootings, la photo de la couverture du livre, des photos pendant et après le cancer reprises par la presse tant elles étaient fortes. Je suis touchée par l’œil et la grande sensibilité d’Amélie, tout comme elle est touchée par mon histoire et l’histoire de toutes les femmes atteintes du cancer. Des moments partagés d’une douceur infinie, des échanges vrais, de la complicité. Je l’ai appelée la semaine dernière pour lui dire que je me faisais opérer et que je voulais immortaliser ce torse d’amazone. A vrai dire, j’étais paumée, je ne savais pas très bien ce que je voulais en l’appelant, je voulais être dans l’action. Agir. Nous avons parlé pendant une heure. Je ne savais pas « avec ma tête » ce que je voulais mais je sentais « avec mes tripes », ça venait de loin loin à l’intérieur que je voulais quelques photos avant de passer sur le billard. Plus de 18 mois en amazone, ça fait quand même partie de mon histoire. J’aime bien garder des traces de moments forts dans ma vie, un objet, un écrit, une photo quand c’est possible. Puis j’ai pris peur pendant quelques jours, j’ai laissé décanter, j’avais peur de regretter de m’être fait opérer si je recevais les clichés après l’opération. Puis je ne savais pas. Puis je ne savais plus. Encore une girouette… encore et encore. To make a long story short pour aujourd’hui, ce shooting était magique, j’étais sûre de ma décision avant d’y aller, on a échangé quelques phrases émouvantes au téléphone avant que je n’arrive et les photos sont d’une force… Grrr, une idée a germé… mettre à l’honneur des femmes amazones… on en reparlera… on ferme la boîte à idées pour quelques jours.

Une phrase touchante d’Amélie que je n’oublierai jamais « Quand il n’y a plus de mamelon, c’est comme si le sein était muet. » Oui, il est muet, il est silencieux, il n’est plus. C’est le silence. C’est magnifique le silence. Peut-être bien sur la « top 10 list » de mes choses préférées. Le silence. Complet.

Quand j’ai dit à Didier que je voulais faire un shooting avec Amélie, j’ai aussi rajouté que son studio n’était pas chauffé, il m’a dit que c’était très courageux. J’étais sûre qu’il parlait du froid et j’étais extrêmement émue qu’il me dise qu’il parlait en fait du shooting. Amélie avait préparé un feu, un bon thé, une musique magnifique, c’était doux. Un souvenir à tout jamais gravé dans ma mémoire… et mon cœur.

Happy ending: Je suis super contente même si je sais que j’aurai un petit pincement au début (vous savez bien que je déteste les fins, les aurevoirs et les grands changements… ) et je vous dis TSCHÜSS 👋, je descends au bloc 😷 . L’anesthésiste a l’air tout mimi.

Première étape: la gonflette! Voici en images… Le but est d’étendre/(auto)fabriquer de la peau pour préparer la reconstruction qui aura lieu dans quelques mois. L’expandeur est donc une prothèse provisoire que Docteur « Je maîtrise toutes les techniques » placera aujourd’hui et remplira de sérum physiologique toutes les semaines jusqu’à atteindre la taille du bonnet de l’autre sein. Ceci dit dans mon cas, en quatre petites seringues, elle aura atteint le niveau de l’autre ! Fastoche !

Suite au prochain numéro, je vous embrasse bien bien fort et je vous laisse méditer sur ces préceptes…

A. Choisir, c’est renoncer…
B. Choisir, c’est avancer…

Et pour vous, A ou B?

XO
Delphine

10 Comments
  1. Jamais personne n’aura écrit sur le cancer du sein avec autant de finesse, de sincérité, de profondeur… Pascale

  2. Moi je t envoie plein de bisous doux et je te dis,
    Choisir c est grandir,…!
    Cendrine

    1. Merci infiniment ma chere Chantal, je pense bien souvent a toi et a ton amie dont tu m’avais parle.. j’ai vu que tu m’avais laisse un message sur IG, je te laisserai un petit message vocal, lots of love, Xo Delphine

  3. Cela dépend du point de vue et si l’on peut disposer de plusieurs points de vue apparaît alors l’option C, D, …
    Je me suis laissé touché par votre témoignage.
    J’aime beaucoup le « si je peux vous éviter les prolongations », toutefois le chemin est nécessaire et parfois aussi les prolongations.
    Merci,
    Philippe

    1. Merci de tout coeur pour votre message qui me touche. Sincère, si vrai, plein d’émotions et de résonances me semble-t-il? Option C, choisir, c’est grandir… je ne l’avais pas mise… je la découvre maintenant, une lectrice.
      En ce qui concerne le chemin, j’ai déjà fait pas mal, une longue route et de gros traitements, quelle expérience enrichissante, un long voyage en mer, parfois calme, parfois houleuse (cfr ma lettre au cancer dans mon livre…), une belle expérience qui permet de faire un sacré tour du monde en soi. Magnifique! Bien d’accord avec vous sur les prolongations nécessaires mais les 4 anesthésies générales pour retrouver un sein après l’année de traitements lourds ne me semble pas vraiment nécessaires… ni même les 10 ans d’hormonothérapie. Mais on avance avec le sourire (pas toujours), on s’écroule parfois et on se relève. Plein de bisous, XO Delphine

Leave a Reply