Ep#9 - Anousha, accompagnante
Sois forte pour ton mari. Affronter ces injonctions qui font sombrer.
En juillet 2017, j’ai dit “Oui” à mon mari, pour le meilleur et pour le pire. Un aperçu du pire nous est arrivé après seulement deux ans de mariage. Mais à travers ce pire, on a puisé dans le meilleur de nous, et on s’en est sortis. A deux, main dans la main.
Quand le cancer de mon mari nous est tombé dessus, mes premières pensées furent : “je ne vais pas y arriver” et “comment on continue à vivre dans cette situation ? j’ai besoin d’un guide de survie !” Spoiler alert : j’y suis arrivée, et le guide de survie universel n’existe pas. Ce qui existe en revanche, c’est une multitude de ressources enfouies en nous-mêmes, qu’on est loin de soupçonner. J’ai découvert les miennes à travers le cancer et la dépression, et aujourd’hui, je partage mon histoire : pour que quelqu’un, quelque part, puisse y trouver un peu de réconfort. Et composer son propre guide de survie !
Merci à Delphine de m’avoir donné la parole !
Lundi 30 septembre 2019, il est tout simplement rentré du travail avec un mal de ventre….
Il pensait que c’était la faim car il n’avait pas eu le temps de déjeuner, on ne s’inquiète pas mais le mal continue et s’amplifie. Tout s’empire, quelques jours plus tard, il se fait opérer d’une occlusion intestinale et pendant l’opération, on lui découvre une tumeur. Ablation de la tumeur, colostomie qu’il devait garder peu de temps mais qu’il a fini par garder pendant un an. Tout s’enchaîne à une vitesse v-v’ qui laisse peu de temps pour digérer les mauvaises nouvelles en cascade.
Pour reprendre les mots d’Anousha, son épouse “Tout s’effondre, la vie s’écroulait devant mes yeux. Y a aucune raison que ça nous arrive à nous, on est si jeune, on avait une vie saine, … Et pourtant si… et c’est vraiment dur.
Ils etaient jeunes mariés, ils rêvaient de fonder une famille. Anousha avait 26 ans et son mari 33. Si j’ai voulu interviewer Anousha aujourd’hui et pas son mari, c’est parce que je voulais absolument donner la parole à une accompagnante.
Quand on y pense, il y a autant d’accompagnants que de gens qui ont le cancer. En réalité, il y en a bien plus en fait si on englobe les conjoints, les amis proches, les enfants, … Comment vivent-ils l’épreuve du cancer ?
Sentiment d’impuissance, sentiment de culpabilité, déni parfois, solitude, incompréhension. Tout le monde réagit différemment et je trouve très courageux qu’Anousha se lance corps et âme dans un nouveau projet. Rassembler les accompagnants, les aider, libérer la parole, leur faire comprendre que c’est légitime de ne pas aller bien, c’est légitime et c’est parfaitement ok d’être aussi embarqué dans une véritable montagne russe.
Je vous avoue que j’ai eu un sacré électrochoc quand j’ai vu le compte Instagram d’Anousha qui s’appelle « ma vie d’aidante ». Elle a repris des injonctions qui m’ont fait froid dans le dos, notamment “Sois forte pour ton mari”. Sois forte pour ton mari, c’est quoi être forte ? Avait-elle le droit de pleurer, de ressentir de la colère, de la peine, de la solitude ?
Déjà le “sois forte et garde le moral, c’est 80 pourcent de la guérison” quand on est malade est tout à fait insupportable, je parle d’expérience personnelle et je constate qu’on est beaucoup à avoir vécu la même chose. Sois forte et garde le moral, c’est 80 pourcent de la guérison. Ok merci les gars, donc si je n’ai pas le moral, je vais mourir en fait. Je trouve que le “sois forte pour ton mari” ne laisse aucune place aux émotions. Ce qui m’a frappée, c’est quand elle a dit “je ne suis pas la malade alors je n’ai pas le droit de me plaindre”.
Anousha s’est totalement renfermée et a plongé dans une dépression et elle ne prend pas de pincettes pour nous raconter toute son histoire qui pour moi, est archi importante car toute l’attention et tous les soins sont principalement pour les malades mais qu’en est-il des accompagnants ?
Je vous invite à écouter ce témoignage touchant et suivre la reconstruction d’Anousha, parce qu’elle a touché le fond pour mieux rebondir. Elle a mieux compris tout ce dont elle avait besoin mais qu’elle n’arrivait pas à exprimer, et surtout elle est ressortie de cette expérience avec un paquet d’atouts dont l’acceptation et de la bienveillance envers elle-même.

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